Analyse(s) :
Cette œuvre est une transposition de ce qu'Azyle pratique sur le métro parisien depuis le début des années 1990 : une accumulation de tags et de projections de peinture.
Le style de son tag fait référence à un style largement pratiqué à Paris entre 1990 et 1992 : des lettres en casse "minuscule", fluides et arrondies. A partir de cette base esthétique, Azyle a peu à peu façonné son tag en une sorte de logotype né de la répétition de gestes circulaires formant des lettres uniquement composées de courbes. Certaines lettres comme le A et le Z puis le L et le E sont formées d'un trait ininterrompu.
Azyle a composé sa pièce en deux parties : Une partie à gauche en noir, gris et blanc et une seconde à droite en couleur. Son procédé est une succession de projections de peinture (à l'extincteur et à la main, à partir de bouteilles remplies de peinture) et de tags se superposant les uns aux autres. Derrière une esthétique chaotique, Azyle a recherché dans sa composition un équilibre visuel, tant dans la disposition des zones taguées vis à vis de celles "projetées", que dans le contraste des teintes utilisées.
Chaque couche est appliquée avant que la précédente ne sèche, favorisant ainsi des coulures, des mélanges et des réactions chimiques. Ces réactions chimiques sont également provoquées par le choix de peintures de différentes compositions, accentuées par l'ajout de solvants (des solvants parfois subtilisés aux services de nettoyage de la RATP, mélangés à la peinture ou appliqués directement sur le mur au chiffon). Ces solvants ont dégagé une forte odeur qui n'était pas pour déplaire à Azyle qui retrouvait ainsi certaines sensations qu'il ressent lors de ses interventions dans les dépôts de métro.
Dans cette volonté de reproduire une intervention in situ, Azyle a entreposé son matériel dans un coin de la pièce à l'écart de sa zone de peinture, l'obligeant à faire de nombreux allers retours. Ce parcours est révélé par les nombreuses traces de pas au sol, qu'Azyle considère comme faisant partie de son œuvre.
Afin de rendre l'intervention d'Azyle au sol moins homogène, Lek y a tracé une forme géométrique au rouleau et à la peinture noire.
Lek, Sowat et Hugo Vitrani ont longtemps échangé avec Azyle afin de le convaincre de participer à cette exposition. Même après son intervention, Azyle exprimait encore ses doutes quant au sens de venir transposer sa pratique illégale dans un centre d'art.
Note(s) :
Certaines photographies montrent*** ***Azyle appliquant du vernis au pinceau. Ce test ne s'étant pas révélé concluant à ses yeux, il a abandonné l'usage du vernis pour cette intervention.
Une partie du mur de droite fut repassé plus tard par la fresque de Philippe Baudelocque.
