Né en 1971, vit et travaille à Paris.
Lek découvre le graffiti durant la seconde moitié des années 1980. Attentif aux hiéroglyphes multicolores qui ornent les murs de son quartier (le XIXe arrondissement de Paris), notamment ceux du terrains vague de Stalingrad, il observe une culture naissante, un univers underground où l'on se défie à coups de rimes acérées, de pas de danse acrobatiques et d'alphabets stylisés tracés à la bombe de peinture. Au contact de la première génération de graffeurs parisiens, il intègre progressivement cette communauté fermée, apprend ses règles, ses codes et ses différentes écoles.
En 1988, il fonde avec une poignée d'amis les CAC, puis les VF en 1990 avec son binôme d'alors, Nestor. Inspiré à la fois par l'école classique new-yorkaise (notamment les productions du graffeur Dero) et celle, plus expérimentale, du collectif parisien BBC, dont les échanges avec ses membres nourrissent sa vision du graffiti, il alterne les tags dans la rue et le métro avec des graffs dans les terrains vagues d'Ile de France.
Durant tout son parcours, Lek n'aura de cesse de trouver auprès d'autres graffeurs un échange et une émulation qui vont aiguiser sa créativité.
A partir de 1993, il se rend plusieurs fois à Amsterdam à la rencontre de graffeurs locaux et découvre dans les fanzines spécialisés un style scandinave aux antipodes de l'orthodoxie new-yorkaise. A travers ces différentes inspirations, il développe un processus de création rapide et fluide, et se forge ainsi une identité graphique plus personnelle.
Durant cette même année, il intègre les LCA. Les échanges avec ses membres, notamment Hof et Ocean, eux aussi dans la recherche, la réflexion et l'expérimentation, favorisent des productions collectives originales et novatrices.
En 1997, Lek intègre les RAW et entame avec Iko une série de productions en duo basées sur la recherche de nouvelles esthétiques comme de nouvelles techniques, dont l'aboutissement sera le livre "Nothing But Letters" paru en 2009, où les deux graffeurs explorent une multitude de styles, naviguant du classique à l'avant garde.
Toujours à la recherche d'émulation, d'échange et d'évolution, il multiplie les production en duo, notamment avec Dem189 de 2010 à 2012.
La création en 2011 du groupe FrenchKiss avec Swiz, Dem189 et l'Outsider incarne la quintessence de ce que recherche Lek depuis toujours : une combinaison de styles et d'identités singulières au profit de fresques collectives basées sur la rencontre, l'improvisation et le mélange. Un collectif à géométrie variable où l'on invite régulièrement de nouveaux artistes à se mélanger et se recouvrir, à la manière d'une session musicale où l'on improvise en suivant le rythme de l'un tout en s'adaptant à la mélodie des autres.
Depuis le début des années 1990, Lek est systématiquement à la recherche de nouveaux territoires. Explorateur de son environnement urbain, il parcourt les friches industrielles afin de s'y déployer librement, loin du tumulte des halls of fame, de leur recouvrement incessant et d'un format de peinture rectangulaire imposé. Au cœur de ces colosses d'acier et de béton, il développe une esthétique personnelle, mixant le lettrage avec des influences du Bauhaus, de l'abstraction, du futurisme et de ses années passées à étudier l'architecture. Rapidement, il transcende les codes classiques du graffiti pour se diriger vers des compositions minimalistes, saccadées et déconstruites où la structure du lieu sert à la fois de décor, de partenaire et de point d'appui. À grands coups de bombe, de rouleau, de film plastique ou de matériaux récupérés sur place, il lacère l'espace, brise les lignes de fuite, joue avec l'usure et effacement qu'il provoque parfois et révèle de nouvelles perspectives.
C'est cette pratique, à mi-chemin entre art contextuel et exploration urbaine, qu'il décide d'illustrer avec Sowat dans un ancien supermarché abandonné au nord de Paris. Durant deux ans, de 2010 à 2012, les deux graffeurs, qui viennent de se rencontrer, y invitent une quarantaine d'amis et s'improvisent curateurs d'une résidence artistique sauvage dont la restitution prend la forme d'un film et d'un ouvrage : Mausolée. Ce projet colossal et remarqué leur ouvre les portes du Palais de Tokyo où, épaulés par le jeune curateur Hugo Vitrani, ils amorcent en compagnie de Dem189 le programme d'art urbain "Lasco Project" à la fin de l'année 2012.
Désormais en duo, Lek et Sowat sont accueillis en 2015 à la Villa Médicis durant un an. Ils sont ainsi les premiers artistes issus du graffiti en résidence au sein de cette prestigieuse institution.
Par la suite, le duo poursuit ses productions au gré de projets institutionnels, privés ou associatifs, mêlant le plus souvent peinture et installation. Parallèlement, chacun d'entre eux poursuit ses recherches personnelles en atelier, exposant régulièrement en galerie.
Très attaché au graffiti qui l'a vu naître, Lek continue de peindre dans la rue, dans les halls of fame ou les friches industrielles, toujours friand de nouvelles rencontres et d'expérimentations graphiques.
Source : Nicolas Gzeley 2021