Lexique


Le lexique présenté ici n'est pas exhaustif. Il est enrichi au fur et à mesure de l'usage par nos archivistes de certains mots ou expressions nécessitant une définition. Il est susceptible d'être modifié en fonction de nouveaux éclairages portés à notre connaissance. Le vocabulaire de l'art urbain, et notamment celui du graffiti-writing, relève d'un langage vernaculaire, voire d'un dialecte, dont les termes, les expressions et leurs définitions peuvent varier d'une région à une autre ou d'une génération à une autre. De fait, ces définitions sont proposées ici à titre indicatif et ne sauraient définir formellement les termes ou expressions en question.

3D (cf Synthèse / Volume)
Une 3D (pour 3 dimensions) indique une partie d'un lettrage destiné à lui donner de l'épaisseur. Par extension, on parle de lettrage en 3D lorsque les différentes lettres se déploient sur plusieurs plans ou lorsque l'absence de contours entre le lettrage et sa 3D donne un effet réaliste à sa mise en volume. Pour ce type de rendu, certains writers parlent de "synthèse" ou de "volume".

All over
Le terme all over désigne une surface entièrement recouverte.

Art urbain
Terme générique regroupant différents courants : le graffiti-writing, le post-graffiti, le street art et le muralisme contemporain.

Block-letter
Style de lettrage simple et géométrique, parfois proche de la typographie, privilégiant l'impact visuel et la lisibilité.

Cap
Bouchon propulseur d'une bombe aérosol. Il existe de nombreux caps tels que le cap d'origine, le fat cap, le skinny cap, le cap aiguille, le stencil cap… offrant différents rendus qui varient parfois en fonction du modèle de bombe aérosol utilisé.

Cap aiguille artisanal
Bouchon propulseur dans lequel on introduit une aiguille médicale dont la base en plastique est fondue à la flamme de manière à sceller l'ensemble. Ce cap permet d'obtenir un trait particulièrement fin.

Cap aiguille industriel (cf Needle cap)
Bouchon propulseur prolongé d'une longue tige en plastique permettant d'obtenir une forte pression et un rendu en crachotis, également nommé "needle cap".

Cap d'origine
Ce bouchon propulseur était monté en série sur la plupart des bombes de peinture jusqu'au milieu des années 1990. Il offre une forte pression et permet d'obtenir un trait relativement fin. À partir du milieu des années 1990, et notamment avec l'arrivée sur le marché de bombes spécifiquement conçues pour le graffiti-writing, certaines marques ont proposé des bombes munies en série d'un skinny cap. Dès lors, de nouvelles générations de writers ont commencé à utiliser le terme "cap d'origine" pour désigner ces skinny caps, impliquant une certaine confusion dans l'usage de ces termes.

Cholo writing
Apparu au début du XXe siècle à Los Angeles, le Cholo writing connait un essor particulier dans les années 1930 lors d'affrontement entre GI américains et habitants latino-américains. Ces derniers marquent alors leur territoire avec des graffitis inspirés de la typographie Old English. Cette pratique perdure ensuite avec les gangs de Los Angeles qui reprennent cette esthétique pour délimiter leurs territoires. Le graphisme singulier du cholo writing infusera largement le graffiti-writing de la côte Ouest des États-Unis avant de traverser les frontières et les continents.

Crachotis
Le terme crachotis est utilisé pour désigner un certain type de rendu, lorsque le trait de la bombe, plus ou moins vaporeux, est composé ou agrémenté de fines gouttelettes de peinture. Ce rendu peut être obtenu avec différents types de caps selon leur usage.

Double-contour (cf Sur-contour)
Généralement réalisé en un trait, le double-contour vient cerner une pièce autour de son contour. Il peut être collé au contour ou légèrement décalé.

École classique
Style de graffiti d'inspiration new-yorkaise initié par les pionniers du style-writing puis perfectionné durant les années 1980 et 1990 par certains writers new-yorkais et européens. Sorte d'image d'Épinal du graffiti tel que l'on pouvait l'observer sur le métro new-yorkais durant les années 1980, cette école de style est assez variée (du block-letter au wildstyle) et se distingue des premiers lettrages du début des années 1970 (early style) ainsi que d'autres tendances plus avant-gardistes comme l'anti-style, l'ignorant-style ou l'abstract-vandalisme.
 
Effet
On parle d'effets pour désigner pour désigner des formes aléatoires, parfois géométriques ou figuratives, qui viennent embellir l'intérieur, parfois l'extérieur d'un lettrage. Dans les années 1990, les plus communes étaient des bulles, des rectangles ou des étoiles. Les effets sont associés à l'école classique où l'on remplit le lettrage d'aplats et de dégradés avant d'y intégrer des effets puis de réaliser un contour aux lettres. L'usage de ce terme est progressivement tombé en désuétude au cours des années 2000.

Esquisse
Dans le cas d'une pièce réalisée à la bombe, une esquisse désigne les premiers traits de sa réalisation. Il s'agit des traits de construction de la structure globale d'une pièce, de ses formes sommaires, qui permettent de concevoir plus précisément une pièce in situ. Plusieurs esquisses peuvent se superposer en fonction de la précision du résultat escompté et des capacités de son auteur. Ce terme désigne également un dessin destiné à être reproduit dans l'espace public, aussi appelé "sketch". On parle alors plus généralement d'une esquisse préparatoire.

Fat cap
Initialement reconnaissable à son corps blanc muni d'une buse rose, ce bouchon propulseur était monté en série sur les aérosols d'entretien des modèles Décap'Four (nettoyage des fours) et Solimeuble (entretien pour meubles en bois). Dès la seconde moitié des années 1980, les writers français les ont détournés de leur usage d'origine pour obtenir un trait large, idéal pour réaliser de gros tags ou pour remplir rapidement de grandes surfaces. La largeur du trait dépend du type d'aérosol sur lequel il est monté : plus la pression est haute, plus le trait est large. Ce bouchon propulseur se distinguait à cette époque du cap d'origine (trait fin, forte pression) et du skinny cap (trait fin, basse pression). Dès le milieu des années 1990, des sociétés spécialisées dans la production de matériel destiné au graffiti et aux beaux-arts ont développé différents types de bouchons propulseurs, parmi lesquels le fat cap Décap'Four qui a conservé son nom d'origine. D'autres fat caps existent également en différents coloris.

Flow
Dans l'univers du hip hop, notamment celui du graffiti-writing, le flow est lié au style et désigne la fluidité du geste. Par extension, on parle du flow d'un tag ou d'un lettrage pour évoquer ses qualités esthétiques.

Fresque
À l'origine le terme "fresque" désigne la technique du "fresco" qui consiste à peindre une œuvre sur une surface spécialement préparée à cet effet. Dans l'usage courant, notamment concernant l'art urbain, une fresque désigne une peinture murale.

Graffiti
Terme générique désignant différents types d'inscriptions dans l'espace public liées entre autres aux inscriptions vernaculaires, au graffiti-writing ou au picturo-graffiti.

Graffiti-writing
Né au cours des années 1960 à New-York et Philadelphie, le graffiti-writing consiste à inscrire son pseudonyme dans l'espace public afin d'obtenir la reconnaissance de ses pairs. Cette compétition est également basée sur la stylisation de la signature et du lettrage, parfois agrémentés de personnages. Le graffiti-writing prend un essor particulier sur les flancs du métro new-yorkais à partir des années 1970 avant de traverser l'Atlantique durant les années 1980. Initialement pratiqué exclusivement à la bombe aérosol et au marqueur, principalement axé sur l'écriture et le lettrage, le graffiti-writing s'est progressivement ouvert à d'autres outils (rouleau, stickers, etc) ainsi qu'à diverses esthétiques (abstraction, logotype, etc). On parle alors plus volontiers de post-graffiti. Parallèlement à une pratique dans l’espace public, la pratique du dessin est également considérée comme une pratique graffiti-writing.

Hall of fame
Ce terme est utilisé pour désigner un mur, légal ou illégal, voire un lieu (comme un terrain vague) où viennent régulièrement peindre les meilleurs writers.

High light (cf Light)
Effet de lumière, généralement réalisé en un trait blanc le long ou légèrement décalé du contour d'une pièce. Par contraction, on parle également d'une light.

Inscriptions vernaculaires
Inscriptions réalisées dans l’espace public, se distinguant des champs formels du graffiti-writing, du street art et plus généralement de tout courant identifié, artistique ou non. Il s'agit principalement de slogans politiques ou sociétaux, de messages d'amour ou de haine, de pensées philosophiques, parfois scabreuses, souvent humoristiques, de dessins, de signes ou de symboles.

Logotype (cf Picto-graffiti)
Bien que l'usage du logotype soit observé depuis longtemps dans différents courants (inscriptions vernaculaires, picturo-graffiti, pochoir, graffiti-writing…) ce terme est généralement utilisé pour désigner le renouvellement esthétique opéré par certains writers durant la seconde moitié des années 1990, lorsque ces derniers ont troqué leur signature pour un logo ou un signe inscrit et répété dans l'espace public de la même manière qu'un tag ou un lettrage. Dès lors, on associe la plupart du temps ces logotypes au post-graffiti.

One line
Exécution d'une pièce ou d'un tag en un trait continu, sans esquisse ni reprise.

Panel piece (cf Panel)
Ce terme est associé à la hauteur d'une pièce sur un wagon. Une panel piece, ou par contraction un panel, désigne une pièce réalisée à hauteur de bras sur le flanc d'un wagon. Le haut de la pièce ne dépasse alors que très légèrement sur les fenêtres.

Picturo-graffiti
Proposé en 1985 par l'historien de l'art Denys Riout dans son ouvrage Le livre du graffiti, le picturo-graffiti désigne des interventions plastiques, le plus souvent des personnages, réalisées à la bombe libre (à main levée) ou au pinceau et se distingue ainsi de la pratique du pochoir, tout en restant associé au street art.

Pièce
Une pièce désigne l'œuvre d'un writer. Il s'agit généralement d'un lettrage, voire un lettrage associé à un personnage. On peut également parler d'une pièce abstraite, d'une pièce en 3D ou autre.

Post-graffiti
Art plastique, performatif et/ou conceptuel issu du graffiti-writing. Initialement utilisée pour désigner les travaux d’atelier des writers, la définition de ce terme s’est élargie au cours des années 1990 pour désigner les renouvellements esthétiques et pratiques de certains writers s’affranchissant des codes stricts du graffiti-writing. Ainsi, les champs esthétiques de l’abstraction, du logotype, ou les pratiques telles que la performance, la sculpture, l’installation, peuvent être considérées comme relevant du post graffiti, dès lors qu’ils s’inscrivent dans la continuité du graffiti-writing et qu’il y font référence.

Remplissage électrique (cf Rayonnage)
Le remplissage électrique désigne une manière spécifique de remplir une surface, généralement l'intérieur d'un lettrage. Il s'agit de hachures transversales à la structure de la lettre, réalisées de manière continue. La transversalité des hachures en fonction de l'orientation des formes de la lettre renforce visuellement la structure et le dynamisme du lettrage. C'est également une façon économique de remplir une surface. Ce type de remplissage est également nommé "rayonnage" par certains writers.

Skinny cap
Bouchon propulseur permettant de réduire la pression et d'obtenir un trait fin. Jusqu'au milieu des années 1990, les skinny caps étaient prélevés sur les bombes de laque pour cheveux, notamment de la marque L'Oréal, avant d'être distribués spécifiquement sur le marché du graffiti et des loisirs créatifs. Certaines bombes sont aujourd'hui vendues avec un skinny cap. De nombreux variants existent aujourd'hui, portant différents noms selon leurs spécificités.

Stencil cap
Conçu à l'origine de façon artisanale, le stencil cap consiste à laisser le capuchon sur la bombe, d'y découper une encoche permettant de glisser son doigt, puis de percer un petit trou face au cap de façon à réduire le jet de peinture. On obtient ainsi un trait particulièrement fin, proche de celui d'un aérographe. Le stencil cap est aujourd'hui produit de façon industrielle et vendu sur le marché du graffiti et des loisirs créatifs.

Street art
Terme générique désignant différents types d'interventions plastiques dans l'espace public. L'usage de ce terme s'est généralisé à la fin des années 2000, notamment avec le développement de l'art urbain sur le marché de l'art. Galeristes,  commissaires-priseurs et journalistes ont alors préféré le terme street art au terme graffiti, trop négativement connoté. Le street art est né conjointement au graffiti-writing et se distingue notamment de ce dernier par sa variété de techniques (collage, pinceau, pochoir, mosaïque, bombe aérosol…) et par sa volonté de s'adresser à un large public ainsi qu'au marché de l'art. Il se distingue également d'autres champs artistiques liés à l'espace public (land art, art in situ, arts de la rue…) bien que des porosités soient parfois observées. Parallèlement à une pratique dans l'espace public, les travaux d'atelier des street artists sont également considérés comme une pratique du street art.

Style-writing
Terme désignant l'aspect stylistique du graffiti-writing.

Tag (cf Taguer)
Un tag est la signature d'un writer et se distingue formellement d'un lettrage, d'un personnage, d'un logotype ou de tout autre inscription. Bien qu'initialement associé uniquement à l'univers du graffiti-writing, l'usage de ce terme s'est largement démocratisé jusqu'à devenir à tort un synonyme du terme générique "graffiti".

Throw up (cf Flop)
À l'origine, un throw up désignait une petite pièce réalisée à la hâte avec les restes de peinture ayant servi à réaliser une pièce principale. Progressivement, ce terme fut utilisé pour désigner tout type de pièce réalisé rapidement, dont l'esthétique se situe à mi-chemin entre un tag et un lettrage, impliquant une gestuelle qui favorise de larges formes arrondies. Le terme flop provient de la déformation phonétique du terme throw up.

Toy (cf Toyer)
Un toy désigne à la fois un writer inexpérimenté et l'action de recouvrir, partiellement ou intégralement, le tag ou la pièce d'un autre writer.

Tracé direct
Pièce réalisée directement par ses contours, sans esquisse (traits de constructions préalables) ni remplissage (ou très peu, par exemple quelques effets de volume).

Urbex-writing
Pratique du graffiti-writing dans un lieu abandonné, sur une surface vierge de tout graffiti. Ce terme est lié à la pratique de l'urbex (urban exploration) qui consiste à visiter des bâtiments à l'abandon. L'esthétique de l'urbex-writing se distingue du graffiti-writing dans la mesure où elle est liée à la contextualisation et aux différentes matières qu'offrent ce type de lieux.

Writer (cf Graffeur / Graffeuse)
Un writer est une pratiquante ou un pratiquant du graffiti-writing.