Analyse(s) :
Lek, Sowat et Hugo Vitrani ont proposé à Mode2 d'investir cette portion de mur avec un lettrage en tracé direct plutôt qu'avec ses personnages pour lesquels il est mondialement reconnu. Leur volonté était de mettre en avant la lettre et l'épuration du geste propre au graffiti originel que Mode2 défend avec ferveur et de réunir dans la même zone, avec l'intervention de JayOne en face, deux pionniers du graffiti français.
Mode2 a improvisé un lettrage "RHYTHM" à la bombe blanche et au cap d'origine sur un aplat noir. La pièce est signée d'un tag en haut à gauche.
Ce lettrage de type semi-wildstyle, se réfère à l'école classique new-yorkaise. La structure du lettrage s'inspire de la dynamique d'un tag en lettres majuscules réalisé au marqueur biseauté : les segments verticaux sont ainsi plus larges que les segments horizontaux. Chaque lettre chevauche légèrement la suivante. Aux segments principaux sont ajoutés des segments ornementaux, des excroissances, des cassures et des flèches, brouillant ainsi la lisibilité du mot. Si la plupart des traits sont droits, apportant rigidité et nervosité au lettrage, quelques courbes viennent équilibrer et fluidifier l'ensemble.
Cette pièce fut réalisée en tracé direct selon la technique "one line" qui veut que l'ensemble du contour soit constitué d'une seule ligne continue et dont la rapidité d'exécution rappelle celle d'un tag. Après avoir tracé l'ensemble du lettrage en un trait, parfois trop vaporeux, Mode2 est revenu sur certains traits afin d'en accentuer la visibilité et d'équilibrer le tout.
En choisissant le mot "Rhythm" et la technique "one line", Mode2 illustre sa vision du style : les lettres, nées d'un geste vif et spontané, créent un rythme visuel. Leur réalisation découle d'une gestuelle chorégraphiée impliquant l'ensemble du corps. Il fait ainsi référence à la musique et à la danse, éléments constitutifs du hip hop avec le graffiti.