Roger Dimanche

Biographie

BIO ROGER DIMANCHE (1952-20020)


Daniel Bellec naît le 23 janvier 1952 à Madagascar où son père, Louis Bellec, juge, est nommé après la guerre. Sa mère, Adèle, femme au foyer, élève les trois enfants du couple : Patrick l’ainé, Jean-Yves le benjamin et Daniel, le cadet.
La famille reste une dizaine d’années sur l’île avant de rentrer en France dans les années 1960, à Pontivy où le père est muté. Suivent Metz et Lorient où la famille s’établit définitivement. Daniel fréquente l’école Saint-Louis avec l’idée de faire une école d’art plus tard. Ses parents s’y opposent. Alors c’est l’école d’architecture de Nantes qui le voit arriver au début des années 1980.
En 1984, à l’âge de 32 ans, il rencontre Cathy, sa future épouse. En 1985, ils ne se quittent déjà plus. Leur histoire durera 35 ans, jusqu’au décès de Daniel le 23 avril 2020.
Les deux s’installent à Nantes rue Louis Blanc. Ces années-là, le futur Roger Dimanche se passionne pour l’atelier de sérigraphie de l’école des Beaux-Arts dont il suit les cours du soir. Il réalise une pochette de disque pour Ticket (un groupe de rock nantais) et travaille avec Tri Yann. Il s’essaie au pochoir sur des tuniques et s’amuse à projeter des images sur un mur avec un rétroprojecteur, avant de retravailler le dessin puis de le découper.
Il prépare aussi activement le mémoire qu’il doit présenter devant un jury de l’école d’architecture pour obtenir son diplôme. Son Travail Préparatoire de Fin d’Études (TPFE) est intitulé « Intervenir par des signes et des couleurs sur les murs des villes. ». Il y raconte sa rencontre avec Miss.Tic en 1986 aux Transmusicales de Rennes. C’est ainsi qu’elle fait partie du jury.
À partir de juin 1985, cet autodidacte multi-disciplinaire débute ses interventions urbaines avec un autoportrait en noir et blanc et quelques touches de couleurs. Cette image de lui avec un bonnet de natation sur la tête est la première qu’il colle à Nantes.
Il réalise aussi des photomatons rigolos en noir et blanc (il mange des pâtes et une banane) et des centaines de sérigraphies, bleues sur papier rouge, jaunes sur papier Kraft, sur papier calque… Il commence à circuler la nuit, le coffre d’une R5 bourré de rouleaux de papier à sa propre effigie et d’un gros pot de colle à papier.
Il fait de nombreuses balades nocturnes et pose sa tête avec son bonnet de natation partout où il peut, notamment sur des palissades. Pochoirs à même les murs et affiches (réalisées au pochoir, en sérigraphie et/ou en photocopie) sont aussi collées sur des palissades de chantier. Situées dans le centre-ville, ses premières réalisations s’adressent d’abord aux piétons.
À l’aise avec le dessin, Roger Dimanche réalise ensuite, au pinceau, des portraits grand format (masculins mais surtout féminins), au trait avec un minimum de couleur (Cyan, Magenta, Jaune + Noir et Blanc.) D’immenses visages (parfois 3x3m) sont peints sur des piliers de ponts, dans des lieux abandonnés, sur des murs de Chantenay, le long des routes. En parlant de ces grands formats, il évoque la facilité de réalisation et l’efficacité de son impact, son objectif étant d’être vu. Il utilise également la bombe de peinture pour signer ses réalisations ou y associer une phrase poétique.
En 1993, il est l’un des premiers à visiter le quai Doumergue, futur Hall of Fame nantais. Pour la naissance de sa fille, il écrit en lettres capitales : « Lola est là ! » La police aussi, qui l’arrête. Il écope d’une amende et réduit ensuite ses interventions à des supports moins « répréhensibles » comme les rochers, les friches industrielles, les vestiges non patrimoniaux des chantiers navals et le sol.

En juin 1987, il rejoint l’association La Pompe (association pour la promotion des œuvres murales peintes) et expose à la Manufacture aux côtés de 40 peintres, sculpteurs, photographes et plasticiens. Parallèlement, une vingtaine d’artistes réalisent une œuvre en public sur des supports prêtés et mis en place par Giraudy. Roger Dimanche intervient une première fois rue Corneille le 6 juin 1987 puis Place du Change quelques temps plus tard.
Peu après, il est invité à faire la décoration intérieure du « New-York City », une boite de nuit. Il occupe chaque pan de mur par une seule image géante, visible d’un bout à l’autre de la salle. Il choisit un couple qui s’embrasse. Un baiser qu’il reproduira des années plus tard dans la rue, en pochoirs et collages.
Dans les années 1988-1992, Daniel Bellec (qui choisit le blaze de Roger Dimanche car il intervient dans la rue souvent ce jour-là) poursuit son travail tout en faisant des tas de petits boulots, entre nettoyage de frigos dans un supermarché, travail dans une usine à bois sous le pont de Cheviré, aide dans une cantine puis interventions scolaires pour la Maison de la Culture de Loire-Atlantique.
À Nantes, il réalise un pan de mur à la Maison de quartier du Pin-Sec avec des habitants. Il intervient également à la Maison d’Arrêt et fait peindre des prisonniers dans les couloirs. Il devient ensuite professeur d’arts plastiques dans des lycées professionnels à Ancenis, Saint-Nazaire, La Roche-sur-Yon.
Alors installé rue Bouin avec Cathy, il poursuit ses activités artistiques dans son atelier au rez-de-chaussée de la maison. Motivé par « le plaisir de faire », il propose des images inspirées par ses références : publicité, BD, imagerie populaire française et américaine. Ces peintures renseignent sur l’euphorie d’une époque. Un certain esprit « rock’n’roll » qu’il cherche à véhiculer avec des portraits de Jim Morrison, Keith Richard ou Serge Gainsbourg. Il mêle le côté « propre » et cool du pop art, la fantaisie stylisée des comic strips et des vieilles bandes dessinées des années 1930-1950 et l’aspect brut de sa pratique.
Tout au long de sa carrière, Roger Dimanche, qui se définit avant tout comme plasticien, expose dans de nombreux bars nantais et dans des lieux associatifs.
En 2013, le couple trouve une maison à Port-Louis, près de Lorient. Un an plus tard, Roger Dimanche achète un atelier à deux pas. C’est là qu’il travaille et expose. Après sa mort, plus de 300 tableaux sont recensés, entre Laurel et Hardy, Monsieur Propre, Étienne Daho, Brigitte Bardot, Jeanne Moreau…
Ses pochoirs et collages de célébrités, ses autoportraits, sa façon de déposer « n’importe quoi n’importe où » dans la rue pour amuser la galerie ont marqué les mémoires.
Peu reconnu et sous-estimé jusqu’à la fin des années 2000, il est le seul à avoir été présent sur les murs de Nantes durant près de trente ans. Il fait partie des plus anciennes références du street art nantais.

Source : Sarah Guilbaud


Pseudonyme(s)
Roger Dimanche
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